(you're music to my eyes)

- IN YOUR HEART IN YOUR HEAD IN YOUR ARMS IN YOUR BED UNDER YOUR SKIN - pour l'enfant unique qu'elle était, un après midi chez les wolf valait tous les disneylands. c'était le bruit qui manquait à sa demeure, les rires qui réchauffait son cœur. elle n'avait rien contre ses parents, au contraire, fille à papa inconditionnelle, elle se satisfaisait d'une après midi au coin du commissariat. mais les wolf, ils réveillaient cette étincelle que ses parents s'efforcer d'éteindre. cette espièglerie que l'on pouvait lire dans ses prunelles lorsqu'elle les suivait dans leurs aventures. la petite blonde aux allures de garçon qu'on aurait pu prendre pour un chiot de plus dans la portée qu'était la leur. les frères qu'elle n'avait jamais eu, ce sentiment d'appartenance qu'elle crevait de découvrir. les cheveux qui s'emmellent et les rires qui soulèvent les côtes. elle a grandit avec eux, dans leurs pattes, et ils ont grandis dans son cœur. et alec. son meilleur ami. ce n'est pas toujours évident, ils grandissent et découvrent la vie. ils s'éloignent pour mieux se retrouver, elle le regarde s'effondrer pour le remonter. deux pièces d'un puzzle que personne attendait. ça s'emboite pas vraiment mais l'image est jolie. un peu floutée, comme une mauvaise réception mais ça colle. ça s'accroche. il n'y a pas de mots sur eux, pour eux. juste alec et becca.

- SO I'M GONNA BURY YOUR LOVE SIX FEET UNDER - les yeux voilés, elle jette ce qu'elle peut dans un sac. ce qui agrippe ses empreintes elle le lance approximativement sur son lit. ses cheveux glissent sur ses joues et s'y accrochent, voilant son visage rougit, ses yeux océans teintés de rubis. elle ne pense pas becca, ne pense pas à la suite, à ce qu'elle va avoir besoin, à ce qu'elle va faire. tout ce qui tourne c'est les horreurs qu'elle vient d'entendre, la souffrance qu'il a infligé. elle comprend pas comment c'est possible, comment c'est arrivé. son père, le héros, le shériff, le survivant d'un couple maudit. le monstre. l'horreur. l'abomination. et alec. des images s'étalent sous ses pupilles mais elle a plus que de la bile à rendre becca, le reste est déjà parti. et ses lèvres bougent, ce non, non, non qui continuent, litanie terrifiante, musique de son cœur brisé qu'elle n'entend même plus. les oreilles bouchées, la poitrine qui explose, les membres qui tremblent et cette rage qui menace de tout emporter sur son passage. ce serait si facile, si facile. elle sait où se trouve son arme de service. une balle dans la tête. et puis deux, et trois. et tout le chargeur. le trouer comme il la fait de son cœur. alec, alec alec. et son père. non, cette chose. ce n'est plus son père, c'est une horreur qui ne mérite rien de plus que de s'étouffer dans son sang, bourreau non repentant, jamais repenti. elle ferme la valise, incapable de dire ce qu'il y a dedans. elle refuse de rester une minute de plus, une seconde dans cette maison, à côtoyer cet homme. et alec. comment le regarder dans les yeux, comment lui dire, comment vivre. c'est plus que de la rage et de la culpabilité. elle peut pas rester avec lui, lui imposer sa présence, passer sa main sur son front pour le libérer de ses mèches blondes. lui parler de ses doutes, de ses peurs. pas après ça, la révélation, l'angoisse, la tristesse, et ce profond désespoir qui lui tord les entrailles. une bouteille de rhum et sa vie part en fumée, envolée dans les cendres d'un passé répulsif.

- TAKE ONE MORE BABY STEP YOU DON'T HAVE TO RUN TAKE THAT LEAP OF FAITH - elle a changé son nom. elle a passé des heures dans la paperasse, dans des queues, à récupérer le document cB pour aller avec le P5 pour effacer ce souvenir qu'elle ne supporte de voir attacher à son être. c'est devenu becca sutton. un début de rédemption, d'oubli qu'elle ne trouvera jamais mais qu'elle pourchasse inlassablement. c'est sur les pages qu'elle noie sa peine, noirci le papier à coup de culpabilité et de vérités douloureuses. exutoire silencieux si puissant. et ça devient des chansons, des mots qui se transforment en histoire. parties de sa vie, sentiments enfouis, rage à peine confinée. nashville. oubliés les cours de l'école de police. loin derrière sont restés ces rêves de suivre la carrière de son père. incapable de s'identifier d'aucune façon. non, elle le renie sur do mineur. elle multiplie les contrats, carrière qu'elle ne s'imaginait pas, passe temps thérapeutique. la peine ne s'efface pas et les maux demeurent. mais l'étau se desserre un peu, elle respire vraiment pour la première fois. et c'est finalement la scène. elle ne chantait que seule becca, il n'a jamais été que le seul à l'entendre. c'était leur secret, leur échappée belle. sa voix qui le berce, ses empruntes qui glissent dans ses tresses blondes, leurs doigts qui s'entrelacent. ça a toujours été pour lui, son cadeau, sa voix. elle refuse au début, de se lancer. la scène, la possible célébrité. mais c'est finalement sa voix sur ses paroles. c'est son hommage, c'est sa façon de le garder avec elle, de jamais l'oublier. chaque fois qu'elle monte sur scène c'est son nom qui résonne dans son cœur, son souvenir qui berce son corps. elle ne change pas becca, déjà trop abimée pour sombrer dans les noirceurs de la célébrité. elle saute de ville en ville, apprécie le calme des paysages qui défilent sous ses yeux, l'atmosphère qui s'échappe de la foule en concerts. elle récupère un peu plus chaque jour. sourires qui éclos sur ses lèvres. carapace qui s'écaille. rage qui s'errode.

- NOW YOU ONLY BRING ME BLACK ROSES AND THEY CRUMBLE INTO DUST WHEN THEY'RE HELD - elle a passé si longtemps a souhaiter sa mort que ça la déraille quand ça arrive. elle avait presque oublié. n'y pensait plus aussi souvent. arrivait à se regarder dans la glace sans y lire son reflet dans ses traits. c'était cette tâche noire, cette partie de cœur atrophiée. mais c'était respirable, c'était vivable. et il est mort, se jetant une nouvelle fois au centre de sa vie, la laissant tout abandonner. Encore. des vacances elle explique mais elle rêve de plages azures et pas de désolés qu'on lui jette sans raison. des larmes qui arrosent un corps calcifié, des condoléances qu'on aurait du lui jeter de son vivant. elle supporte pas becca, supporte pas les embrassades, les mots d'encouragement glissés en passant, les autels qu'on lui construit sur sa gloire. elle régresse de dix ans ici becca, comme si elle était jamais partie. elle a pas foutu un pied à l'enterrement, incapable de se joindre à la masse pour célébrer son vivant alors qu'on devrait fêter sa disparition. on aurait pu l'apercevoir en pleine nuit, une batte de baseball entre les mains, à se défouler sur sa pierre tombale. à se vider de litres d'eau salée et de jurons trop longtemps réprimés. elle aurait bien pissé sur sa tombe mais la logistique n'était pas idéale.

running your finger down the wall