prends toi en main ma fille (félix)

Elle évitait soigneusement de le regarder. Elle se sentait bête, elle s'en voulait… Elle lui en voulait à lui d'avoir réagi comme il l'avait fait. Elle n'avait pas cherché à le moquer ou à le blesser… puis elle s'en voulait à elle même de ne pas avoir su d'office que ce genre de propos mèneraient à ça. Elle était pourtant plus intelligente que ça en règle générale. « J'ai jamais dis ça ! » dit-il et elle se sentit soulagée. Comme libérée, oui elle avait proposé de partir parce qu'à ce moment précis cela lui semblait être la seule chose à faire pour éviter d'autres débordements mais elle n'en avait pas envie pour autant… *toi voulais ressentir des choses t'es servie* pensa t-elle pour elle même. Elle releva les yeux vers lui alors qu'il reprenait la parole.  « Je... J'ai juste du mal quand on me dit les choses comme ça noir sur blanc... J'ai pas l'habitude... même si tu as raison. » Cette dernière partie arriva avec un ton beaucoup plus bas mais elle comprit. Elle se sentait bête, bête de s'être emportée. - Je suis capable d'essayer de te comprendre, comprendre comment tu fonctionne… mais tu dois m'aider, je ne peux deviner ce qu'il y a dans ta tête. Elle décidait de ne pas relever la dernière partie de sa phrase, elle savait que cela avait du lui couter de lui dire cela. Elle le vit gigoter sur sa chaise, finalement elle n'était pas la seule à ressentir un malaise. « Restes, s'il te plais, je ne m'emporterais plus... j'essaierais, c'est promis. » Il s'était rapproché, se penchant vers elle et elle ne bougea pas d'un cil. Elle détestais le fait qu'il puisse lui faire cet effet là, tout lui disait de partie en courant et au lieu de ça elle se mettait dans tous ses états. « Mais si tu veux prendre tes jambes à ton cou, je comprendrais... ». - Si tu essaye… alors soit, mais s'il te plait… elle fit une pause, cherchant ses mots, et elle se rendit compte qu'elle devrait faire ça assez souvent, bien choisir ses mots pour ne pas déclencher une colère. - Dis moi les choses, si certains… sujets ne doivent pas être abordés par exemple. Elle posa ses mains jointes sur la table, le regardant droit dans les yeux, elle ne défiait pas, mais elle voulait vraiment lui faire comprendre qui elle était. - Je ne peux pas toujours surveiller ce que je vais dire… alors lorsque je pars sur un chemin qui te déplait… je ne sais pas, choisi un mot, quelque chose et je saurais que quand tu le dis et bien… elle se redressa légèrement et fit un grand sourire. - Je dois vite trouver la sortie de secours.

Elle n'était pas faite pour les disputes, elle avait besoin de faire redescendre toutes ces tensions, ce n'est pas elle ça, elle aime la joie, les rires, mais certainement pas les disputes. - Et si tu te rends compte que tu ne souhaite plus me voir, ne… disparait pas… dis le, je saurais le gérer. Elle ne souhaitait pas ça, mais elle était bien incapable de savoir ce qu'il pouvait se passer dans sa tête.

Le froid s'était abattu sur eux. Felix savait qu'il n'avait pas été très aimable dans sa façon de s'exprimer, mais étant sur la défensive malgré lui, il avait agit sans se laisser le temps de réfléchir. Il ne voulait pas qu'elle parte. En fait, il était bien mieux en sa compagnie que tout seul, sa présence enjouée mettait un voile sur les pensées que la vie le forçait à avoir. Et c'était la première fois qu'il lui parlait. Première fois qu'il l'abordait et déjà trop de fois elle avait subi sa mauvaise humeur. Par chance, elle n'était pas là pour le voir au quotidien, bien que vivant, il avait ses heures de trouble et se cachait derrière sa brusquerie. Comme elle l'avait très bien compris.
Est-ce qu'il allait passer son temps à s'excuser ? Sans doute, ou il devrait apprendre à gérer sa colère. Et quand il la connaitrait un peu mieux, il ne s'offenserait plus de la sorte. Tout semblait si simple lorsqu'elle l'exprimait elle, qu'il se sentait encore plus bête ainsi. Et elle avait raison sur toute la ligne. Est-ce qu'elle était assez folle pour le supporter, ou elle avait si peu de contact que même sa compagnie était mieux que la solitude ? Il prit  une inspiration, gêné de sa propre bêtise. « Ça semble si facile quand c'est toi qui le dit. » qu'il fait dans un rire nerveux. En voyant son sourire revenir, il n'en fit point de même mais eut l'impression qu'il avait le droit de se sentir bien.

Mais son coeur vint s'alourdir lorsqu'elle parla de ne plus la revoir. Il ouvrit la bouche sans un mot. C'était la première fois depuis longtemps qu'il avait peur de ne plus revoir quelqu'un, en dehors de sa famille. « Ne dis pas ça... tu sais très bien que... » ça le tuerait presque de le dire, mais après cette nouvelle incartade qu'il avait eu, il préférait encore être gêné d'être franc que de la laisser croire qu'il lui en voulait. « maintenant que je t'ai parlé une fois, je n'pourrais pas disparaitre. » Il s'éclaircit la voix comme s'il avait quelque chose dans la gorge, mais la seule chose qui restait coincée, c'était le mal fou qu'il avait de s'extirper de l'impression qu'il avait été beaucoup trop désagréable avec elle pour qu'elle ne le pardonne correctement. « Ce serait plutôt toi qui aurait des raisons de disparaitre... et pour ma part, je suis pas certain que je pourrais le gérer. »  fit-il dans un élan de courage avant d'enchainer. « Tu veux boire autre chose ? » il tenta un sourire.

« Ça semble si facile quand c'est toi qui le dit. » Elle ne le pensait pas, mais elle se rendit surtout compte qu'elle n'avait pas le courage de se battre avec lui. Venir ici était du à une envie de tout recommencer, de ressentir de véritables émotions, de ressentir des joies intenses, et des peines bien entendues… se sentir vivante ne somme. Mais pour autant elle ne souhaitait pas connaitre la colère… et elle détestait ce sentiment, cela ne lui ressemble tellement pas. Elle prenait une profonde inspiration, ignorant une bonne fois pour toute ce creux dans son estomac. Elle décidait de s'apaiser, même si elle avait sans doute appuyer sur la corde sensible, elle ne pouvait s'en excuser éternellement.

Elle venait de lui proposer de partir, grosso modo, elle n'avait pas l'intention de rester assise là en se demandant encore et encore si elle ne devrait pas simplement laisser tomber. « Ne dis pas ça... tu sais très bien que... » Quoi ? Qu'elle devrait faire avec ? Oui ça elle l'avait deviné ! Elle se doutait d'ores et déjà qu'elle ne serait pas la personne la plus capable de le gérer… elle n'était définitivement pas assez combative pour ça !  « maintenant que je t'ai parlé une fois, je n'pourrais pas disparaitre. » Il le pourrait, cette ville était assez grande pour ça…  « Ce serait plutôt toi qui aurait des raisons de disparaitre... et pour ma part, je suis pas certain que je pourrais le gérer. » Elle fut étonnée. Elle le connaissait à peine mais elle ressentait la même chose, même si elle n'avait pas eu le courage de lui dire comme lui. Elle se mordit la lèvre, retenant le flot de paroles qui menaçaient de déborder.  « Tu veux boire autre chose ? » rajouta t-il avec un léger sourire sur les lèvres. - Non je… Elle fit une pause en levant finalement les yeux au ciel. - Ecoute Félix, j'aimerais vraiment rester encore un peu avec toi, mais je pense que toi comme moi on a besoin d'un peu d'air… Elle se redressa, posant ses coudes sur la table. - Je t'invite à venir voir à quoi à servi ton bois ? Elle avait le sourire, l'inviter chez elle était peut être un peu téméraire mais après tout pourquoi pas… - Enfin… tu as peut être des obligations ? Dans ce cas, on peut remettre à plus tard. Elle se rappelait alors la partie des enfants, contrairement à elle il devait avoir des millions de choses à faire. - Quoi qu'il en soit, j'aime être avec toi, alors non je ne vais pas disparaitre non plus…

Il n'était pas très à l'aise avec la confession de ressentis et sentiments. C'était un coup de tête d'avoir dit qu'il ne gèrerait pas, bien sûr qu'il gèrerait, avec beaucoup de mal, mais il ferait comme il l'a toujours fait. Avec plus d'angoisse et de méfiance encore qu'il n'en a déjà. Et c'était plutôt drôle ce genre de situation, où il s'en fichait comme de l'an quarante de cette jeune femme, avant qu'il ne la voit à la scierie, comme si elle n'était plus vraiment étrangère à cette ville. Il se sentait vraiment comme un gamin qui s'emballe, et d'une certaine manière, c'était vivifiant.
Il lui proposa donc de prolonger leur discussion avec autre chose à boire, et elle refusa. Évidemment, pourquoi elle dirait oui après s'être retrouvée confronté à celui qu'il pouvait être vraiment dans ses mauvais moments. Elle avait besoin d'air, c'était pas bon signe. Il commençait à ne plus savoir où se mettre, acquiesçant légèrement pour lui même. C'était une évidence. Il n'était pas certain de la tête qu'il faisait, mais sa frustration venait de geler ses traits sur son visage. Il avale grossièrement sa salive avant qu'elle ne continue. Si elle veut jouer des montagnes russes avec lui, elle a bien réussi.
« Non... attends. » Il lance un oeil sur son vieux téléphone à clapet pour vérifier que personne n'a fait appel à lui. Aucun appel, aucun message, c'est que tout est sous contrôle. Mais est-ce que c'est pour autant une bonne raison pour dire oui. Il ne pourrait pas reculer une fois accepté. « J'ai cru que tu voulais t'enfuir. » qu'il commence dans un rire nerveux. «  Je pense que c'est mieux qu'on remette ça à plus tard, et puis, t'as toujours pas trouvé ta robe pour la soirée, et moi... » qu'il fait comme pour s'en servir d'excuse. Mais le fait était qu'il craignait de se rendre compte que cette rencontre ne se finisse qu'en histoire charnelle à deux balles s'il se rendait tout de suite chez elle. Il lui tendit un sourire nouveau. Il aimait être aussi avec elle, elle avait tout ce qu'un homme pouvait aimer chez une femme et plus encore. Il avait cependant fait trop de confidences jusque là pour faire celle-ci de plus. « Mais je suis curieux de savoir ce que tu en as fais, du bois » se souvenant que par la même occasion, il lui avait glissé son numéro sur la carte de la scierie, en cas de besoin d'aide. Il sort le portefeuille de sa poche de veste intérieure et laisse un billet sur la coupelle de paiement. « Tu as gardé mon numéro ? Parce que je n'ai pas la chance d'avoir le tien. Pour te revoir. »

« Non... attends. » Elle le vit sortir son téléphone, un vieux modèle que même sa grand mère n'utilisait plus, cela la fit sourire, il avait l'air aussi à l'aise avec la technologie qu'avec les relations humaines...  « J'ai cru que tu voulais t'enfuir. » Elle se joint à son rire, si elle avait voulu partir en courant elle l'aurait fait, enfin non, elle aurait trouvé un prétexte pour partir et n'aurait jamais plus donner signe de vie ? Non ça non plus ça ne lui ressemblait pas... elle ne serait donc sans doute par capable de partir.  «  Je pense que c'est mieux qu'on remette ça à plus tard, et puis, t'as toujours pas trouvé ta robe pour la soirée, et moi... » Oh merde.. elle ne s'attendait pas à ça ! C'était donc ça que l'on ressentait quand on se faisait envoyer bouler ? Elle n'avait jamais connu ça, et senti un petit pincement dans son estomac. Il cherchait une excuse... non ce n'était définitivement pas bon signe. « Mais je suis curieux de savoir ce que tu en as fais, du bois » Ouai... - Ne t'inquiète pas, je comprends tout à fait. Elle était piquée dans sa fierté, celle qu'elle ne pensait même pas avoir en réalité. Elle espérait bien que pour une fois son visage donnerait le change, car elle n'avait certainement pas envie de paraître pathétique. Elle remit sa petite veste sur ses épaules en le voyant sortir son portefeuille pour payer. Cela la mit encore plus mal à l'aise.. mais vu le caractère du bonhomme, elle préféra ne rien dire.

« Tu as gardé mon numéro ? Parce que je n'ai pas la chance d'avoir le tien. Pour te revoir. » dit-il et elle releva les yeux vers lui, cherchant à y déceler quelque chose... n'importe quoi mais sans succès. Elle se mit à sourire, et se leva de sa chaise. - Bien sur que je l'ai gardé, je me suis dit que j'aurais forcément à nouveau besoin de bois pour la maison... Elle replaça son sac sur son épaule, se penchant vers lui, elle laissa une bise sur sa joue avant de rire légèrement. - Je suppose qu'il faudra te creuser un peu les méninges pour... me revoir. Satisfaite d'elle même, elle tourna les talons avec un dernier signe de la main pour son interlocuteur beaucoup trop compliqué à déchiffrer.

Il avait sans doute la plus belle femme de cette ville sous les yeux, mais il était incapable de bien se comporter. Il savait qu'il voulait la revoir, que lui aussi, se sentait bien en sa présence. Et pourtant, il ne la connaissait que de quelques minutes, il ne lui avait laissé la parole encore, et là, il faisait le con à vouloir échapper sa propre bêtise. S'il avait contenu ses mots plus tôt, il l'aurait même sans doute invitée à le rejoindre pour cette stupide soirée d'Halloween.
Sa déception n'était pas proprement visible, Jude semblait être une femme très digne, mais il sentait que le fait qu'il repousse le temps qu'il aurait pu passer avec elle aujourd'hui, l'avait touché d'une quelconque manière.
Alors lorsqu'il demanda son numéro de manière détournée, et qu'elle n'évoqua que le côté clientèle de leur précédent échange, c'est lui qui fut, non pas vexé, mais surpris. Est pris qui croyait prendre. Intrigante Jude, il n'aurait pas attendu cette réponse. Son « mais comment ? » ne fut pas même pris en compte qu'elle s'en allait déjà, lui adressant un signe de la main auquel il répondit bêtement, voire presque songeusement. Les recherches, il en avait tellement fait au cours de sa vie, qu'il savait aujourd'hui, qu'il la retrouverait, s'il voulait bien s'en donner la peine. Et la regardant à travers la vitre, s'éloigner, Felix savait qu'il la chercherait. Mais est-ce qu'il se jetterait sur cette voie qu'il n'estime pas faite pour lui, c'était un autre mystère.