What do you want? (r/felix)

Il avait l'impression d'en avoir trop dit, que ça allait mal se finir, tout ça. C'était peur être vrai. Remus allait mal finir. Comme ce que lui avait dit l'homme qui avait prétendu être son père. Il lui avait dit plein de choses, qu'il avait l'impression que ça allait se réaliser. Il avait sauvé Willy, c'était l'essentiel mais lui maintenant, comment ça allait se terminer? Son coeur se mit à battre rapidement et dès qu'il eut plus de liberté, il s'écarta comme s'il s'était brûlé. Il n'avait pas le droit à tout ça. Il avait juste le droit de rester silencieux et finir seul, voire pire. Et soudain malgré lui, il lança:

"Maintenant que Willy va s'en sortir, ça sera fini... Il retournera dans sa vraie famille et pour moi ça sera la fin... je le sais.... Je devrais peut être retourner vers lui de moi même... pour vous éviter un danger... tout est de ma faute....On voudra jamais de moi parce que je suis un monstre..."

Oui, il était Remus le monstre, celui qui ne ressemblait pas aux autres de son âge. Il était plus petit, plus faible, plus pâle aussi. Même si c'était son père, allait-il vouloir de lui? Il était juste la honte de ce monde. Remus n'avait plus envie de pleurer mais il ne savait plus ce qu'il voulait no plus, ni même ce qu'il disait.

"Ca va mal finir.... pour moi... mais au moins... on se sera connu... mais vous devez avoir honte de moi... comme tout le monde... "

Remus s'échappa de ses bras, Felix, lui, ne bougea pas. Il restait figé, encore heureux d'avoir réussi à ce qu'il fasse un pas vers lui, alors qu'il n'y avait que quelques minutes qui étaient passées entre le temps où il lui avait dit qui il était, et maintenant. Ca n'empêchait pas à ce que le jeune homme continue de se remettre en question. Il avait besoin d'aide, d'attention et de liberté à la fois. Il avait aussi besoin de se confier et de se libérer. Plus que précédemment, il avait l'impression d'être un peu utile. Le rassurer n'était pas peine perdue.

« Mais non... pourquoi ça se finirait mal ? Tu l'as sauvé, tu t'es sauvé... vous êtes tous les deux des victimes, et la seule chose qui pourrait t'arriver de pire, c'est qu'on te demande de rester avec moi quelques temps... » u moins, il l'espérait, il souhaitait de toute ses forces qu'on ne l'oblige pas à passer des tests en hôpital sur une longue période, parce qu'il n'est pas certain qu'il les supporterait. De toute manière, il se battrait pour que ça n'arrive pas. « Et tu n'es pas un monstre, d'accord ? Jamais. » En tant que père, son amour n'avait pas de conditions. Quoi qu'il puisse faire, il ne le laisserait pas. Il l'aimait déjà, parce que c'était son fils, et parce que son empathie ne pouvait qu'y aider. « Tu ne me met pas en danger non plus, j'ai de quoi me défendre, et te défendre aussi. Il ne peut plus rien te faire, je t'en donne ma parole. » Parce que sa sécurité, il avait la certitude de pouvoir la lui confirmer. Il a passé bien trop d'heures en face de cibles pour ne pas savoir viser, il passe bien trop de temps à se maintenir en forme pour qu'un connard de kidnappeur vienne lui botter le train. L'erreur qu'il a faite une fois en faisant confiance à un hôpital, il ne l'a referait pas.

Remus se posait des questions, un peu trop. Il avait l'impression d'être dans un rêve éveillé mais il n'avait pas le droit de rêver. La peur revenait en lui. Il avait peur de tellement de choses mais là, celle là était plus forte. Il se demandait comment tout ça allait se terminer. Et il le savait au fond de lui. Le destin lui avait donné la chance de retrouver son vrai père et de le rencontrer. Maintenant, c'était fini pour lui. Mais ça, l'homme en face de lui ne semblait pas comprendre. Qui pourrait le comprendre? Il était fou.

"Je serais jamais comme les autres.... alors vous voudrez jamais de moi... personne ne le voudra...."  répliqua Remus  "le seul qui m'accepte, c'est Willy..."

Un peu perdu, Remus. Trop même. Il mélangeait tout. Il était surtout épuisé.

"J'en peux plus.... j'en ai assez... je veux que tout s'arrête..."  

Il ne comprenait pas Remus, que Felix n'en avait pas ma moindre chose à faire qu'il ne soit pas "comme les autres". Parce que lui non plus ne l'était plus tant. Incapable de laisser ses enfants faire leur vie sans qu'il n'en brûle d'inquiétude, incapable de trouver une femme qui veuille de lui, de sa paranoïa et de son humeur en dents de scie. Il avait changé de ce jeune homme plein d'entrain qui s'imaginait à la tête d'une grande famille et des tables de fêtes pleines d'amis.
Le fait que son fils estime une nouvelle fois qu'il ne voudrait pas de lui, l'obligea à se manifester avec plus d'aplomb. « Comment tu peux dire ça ? Tu n'en sais rien Remus, et si tu penses que je n'veux pas de toi c'est parce que tu ne veux pas m'en laisser la chance. Alors tu arêtes de dire des bêtises. Personne n'est foutu, personne n'est seul. Tu crois que si je n'ai plus de femme c'est parce que je l'ai voulu ? Non, c'est parce que je suis complètement parano sur tout depuis qu'on t'a prit à moi. Alors fais moi un peu confiance s'il te plais. Si je n'voulais pas de toi, je ne t'aurais jamais embauché, c'est aussi simple que ça. » il vint à se frotter le visage d'un autre désespéré et s'approcha une nouvelle fois du gamin perdu.

Il ne pouvait plus supporter qu'il continue à se faire du mal sans aucune raison.

Il sursauta alors quand il l'entendit parler. Il avait peur de l'avoir mis en colère. Peut être qu'il devait partir pour le laisser tranquille. Plein d'idées se mélangeaient dans la tête. Un peu trop même et Remus ne savait pas quoi faire pour la première fois. D'habitude, il arrivait à trouver une solution. Mais là, c'était comme s'il ne savait pas ce qu'il faisait. Comme s'il était revenu à l'âge de 18 ans, qu'il n'arrivait plus à réfléchir, que dans la panique. Non, l'homme qui était son père avait réussi à bloquer ses idées de fuite encore une fois. Il le regarda alors et il répondit:

"Je voulais pas dire ça... c'est juste ce qu'on m'a dit .. m'a répété... et j'y crois à tout ça... il suffit de me voir... Je n'arriverais jamais à m'adapter à une vie normale... c'est ce qu'il voulait... A l'école, personne ne me parlait et au lycée, je suis resté avec des gens qui m'ont entraîné à faire des mauvaises choses... Il a eu le droit de me frapper comme il l'a fait....Il m'a corrigé sur mon comportement..."  

Remus cherchait à s'excuser. Il cherchait plein de choses. Il avait peur de l'avoir mis en colère. Il avait peur de plein de choses. Il se remit à trembler.

"Willy je l'aime.. Je lui ferais jamais de mal... c'est mon fils... je l'ai toujours protégé... mais c'était dur au départ... je ne savais pas quoi faire..."

Torture psychologique, physique... Felix n'arrivait pas à se rendre compte que quelqu'un avait pu gacher la vie de son enfant. Quand bien même avait-il été plongé dans ce cauchemar lorsqu'il avait dix-sept ans, il se passait des fois où il se demandait s'il n'avait pas tout simplement rêvé. Remus le réveillait, il était là, et la douleur autant que le bonheur lui perçaient le coeur de plein fouet. Ça lui faisaient, encore et encore, mal d'apprendre tout ce qu'il entendait. « Ecoutes moi, peu importe comment tu es aujourd'hui, je sais, et je suis sûr que tu peux apprendre à te sentir mieux. » Mais les mots s'étouffèrent dans sa gorge, les larmes, il n'arrivait plus à les contenir. C'était son fils, et il n'avait pas su le protéger. C'est ce qu'il comprenait en parallèle avec ce qu'il lui disait au propos de Willy. Lui avait protégé le petit, mais Felix, il avait eu beau le chercher, il s'était montré inutile. C'était normal qu'il ne lui fasse pas confiance.

Il doit être fort, mais il craque, pour la première fois devant le jeune homme qui cause tant de peine dans son coeur sans le vouloir. « Je suis désolé Remus, j'aurais du te protéger. » Les larmes ne coulent pas et restent prisonnière dans le coin de ses yeux. « On va tout faire pour vous deux, je sais que ça va être dur pour que tu oublies toute ces horreurs qu'il t'a fait subir, mais tout ce qu'il faudra faire, on le fera. » Il était prêt à payer tous les spécialistes du monde pour qu'il soit heureux, lui offrir tout le confort, même si cette vie est celle qui lui offrira la meilleure optique pour avancer.

Il n'était pas sûr que tout pourrait s'arranger. Il n'était pas sûr qu'il arriverait à survivre dans ce monde, mais ça, il n'avait pas le droit de le dire. Il devait encore se montrer fort devant son père. Comme il devait se montrer fort devant Willy. Alors qu'une nouvelle fois, il observait les fleurs posées à terre, il y avait trop de choses qui se bousculaient dans sa tête. Déjà les mots de son père, de son vrai père. Celui qui lui demandait pardon. Mais il n'avait jamais cru que c'était de sa faute. Il n'avait jamais imaginé jusqu'à ses 17 ans, qu'il avait été kidnappé, qu'il était l'enfant d'un autre. Dans sa tête, c'était le chaos total. 5 ans plus tard, le voilà devant son père biologique.

Il n'avait pas le droit de lui demander pardon, c'était à Remus de le faire. Il le regarda et sentit sa tristesse. Son coeur tapa fort contre sa poitrine, il avait l'impression d'étouffer, sa respiration semblait de plus en plus intense et rapide. Willy... Il allait être séparé de lui. Chacun leur vie alors qu'ils avaient passé 14 ans ensemble. Et Remus irait avec son père. Ses jambes devinrent du plomb et il ne pouvait plus faire le moindre pas. Et sa tête se vidait, comme si son monde allait à lui s'ouvrait pour l'emmener.

"Je...." commença le plus jeune d'un ton absent. "C'est... de.... ma... faute..." continua-t-il comme si chaque mot prononcé l'étouffait.Les larmes revinrent, perlèrent dans ses yeux avant de couler le long de ses joues, une nouvelle fois. Si Willy le voyait comme ça, alors il comprendrait. Et alors qu'il leva le regard, au loin, il le vit, Willy. Il ne semblait pas comprendre. Il cria son nom alors que la silhouette partit en courant. Willy était intelligent. Peut être qu'il avait tout entendu. Peut être qu'il avait compris mais qu'il n'acceptait pas ça.

Mais il ne pouvait pas bouger, la peur l'envahissait, l'angoisse aussi, prêt à le dévorer. Comme avant. Comme quand il était dans cette cave et il ne pouvait rien faire. Juste à part appeler Willy. Il tourna son regard vers son père et il dit:

"je suis désolé... je vais le perdre et je ne le veux pas..."

La formule magique pour réveiller son courage, qui chassa l'angoisse. Et il partit à la poursuite de son fils. Dans la rue. Il n'eut pas à faire beaucoup de course, à peine 500 mètres. Il prit son fils dans ses bras et il le serra très fort. Il ne s'inquiéta même pas de savoir pourquoi il n'était pas à l'école. Ca le rassurait juste d'avoir Willy dans ses bras.

"Je ne voulais pas tout ça... je ne pensais pas que ça arriverais, Willy.... Je suis désolé... je t'aime... tu resteras mon fils mais toi aussi, tu as ta famille.... comme moi j'ai retrouvé la mienne..."

Et les larmes continuèrent de couler le long de ses joues. La culpabilité le reprenait et les mauvais souvenirs remontèrent. Les larmes silencieuses se transformèrent en sanglots. Il était censé être son père mais il ne savait plus quoi faire pour pas que Willy le déteste.

Felix n'a jamais aimé montrer ses sentiments. Il a tant explosé dans sa vie, que c'est devenu plus douloureux qu'ils soient visible, parce qu'entendre qu'il n'allait pas bien à chaque fois qu'on lui entretenait la moindre conversation, devenait lourd et éreintant à supporter. Il vit dans sa coquille, refermé, à balancer parfois des sourires qu'il force très visiblement. Et aujourd'hui, il retenait ses larmes. Mais qu'on le voit ainsi, aussi mal, il n'y pensait même plus. Quand bien même le voisin d'à côté serait sorti, qu'il ne s'en serait pas rendu compte, ne fermant les yeux que pour s'empêcher de pleurer, son champs de vision fixé sur son fils.

Remus pensait que c'était de sa faute, Felix avait le même sentiment, et chacun reprenait la faute alors que le fautif n'était en aucun des deux. Pourquoi est-ce qu'il devait vivre ça seul ? Son ex-femme, elle aurait du être là, et le croire sur les coups de téléphone qu'il lui avait passé. « Anna je te jure. » c'était la dernière chose qu'il avait pu lui dire avant qu'elle ne raccroche.

Il lui adressa une excuse avant de partir en courant non loin de là. « Attends, Remus ! » qu'il tenta dans une voix brisée par le chagrin. Lui, il restait perdu dans le petit jardin avant de la maison, sans trop savoir ce qu'il devait faire, regardant le jeune homme s'éloigner vers une autre silhouette. Il marcha jusqu'à une certaine hauteur, restant en retrait pour regarder son fils enlasser un jeune garçon. L'appréhension et l'angoisse se mêlent en une gigantesque boule au creu de l'estomac. A ce train là, il finirait avec un ulcère... Est-ce qu'il devait vraiment se mêler de ça aussi ? Il ne savait plus comment agir, juste les regarder en se disant que les séparer était l'une des pires choses qu'il pourrait faire à Remus, et pourtant, la justice l'exigerait. C'était inévitable, si lui même voulait que son enfant entre à nouveau dans la société et se crée une vie.