it seemed like a good idea at the time (maven)

Joan claque les talons sur le carrelage en damier bleu et noir, murmurant un air de country entre ses lippes rosées. Elle en fredonne la mélodie depuis qu'elle a posé le pied hors du lit, et jamais plus ne semble-t-il vouloir la quitter, pas avant que les paroles s'encrent dans ses cordes vocales. Ses pas la conduisent jusqu'aux casiers des employés, dans lequel elle attrape sa tenue de travail et son badge, sur lequel s'esquissait les lettres de son prénom. Joan. Elle plongea son sac dans l'habitacle et referma la porte, sécurisée d'un verrou. Il était encore tôt, le diner n'était ouvert que pour les fantaisies de la demoiselle ; les heures d'ouvertures étaient ses préférées, avant que la foule d'habitués n'enfreignent le seuil, avant que l'air qu'elle fredonne si librement ne se métamorphose lentement en un concert de machines à café et d'œufs brouillés, par dessus les voix et le tintement des pièces avalées par le jukebox. Sans perdre de temps, Joan prépara les machines, jetant régulièrement un coup d'œil à l'horloge trônant dans le fond de la salle, sans quitter cet air qui ne cessait de tourner en boucle dans son crâne. Elle s'accorda deux minutes à pianoter sur son téléphone portable, les coudes posés sur le comptoir. Un énième regard tourné vers l'horloge, et elle lâcha un long soupire d'ennui, en remarquant qu'il lui restait dix minutes avant que Maven ne vienne égayer sa matinée. Les deux demoiselles sont si différente, pourtant la Jones apparaissait chaque jour un peu plus lumineuse aux yeux de Joan - et pas seulement parce qu'elle acceptait généralement de la remplacer quand la chanteuse s'éclipsait pour vivre de sa passion pour quelques précieuses heures. « Maaaveeen, je ne peux pas faire face à cela sans toi.. » qu'elle s'exclame pour elle-même d'un ton dramatique, en s'étirant sur le comptoir. En effet son amie lui avait maintes fois sauvé la vie, surtout durant ses premiers jours. Le chant semblait être une évidence pour elle, mais serveuse, un peu moins. Mais ce job, Joan en a besoin, ou du moins, ils en ont besoin ; son salaire sert majoritairement à financer les travaux de la ferme familiale, que l'aîné de ses cousins retape. Elle ne se plaint néanmoins pas, servir le café et les pancakes lui convient cent fois mieux que planter des clous dans une planche. Elle chassa rapidement ces idées de son esprit lorsque la silhouette fine de Maven se dessina derrière l'entrée. Soudain, Joan se redressa, et esquissa un large sourire.