Nothing goes as planned (bill)

Une journée qui s'écoulait simplement, entre les consultations diverses et variées, l'heure du repas qui se profilait, tandis qu'un dernier patient l'attendait dans sa salle de consultation, installé là par une infirmière, alors qu'elle était sortie ranger un dossier. Macy aimait son métier, et même si ce n'était pas dans cette grande ville où elle avait pris l'habitude de vivre jusqu'à ce que son mari actuel vienne l'y chercher. Elle aimait cette ville qui l'avait vu grandir, elle aimait sa famille, la simplicité de l'actuelle... qui ne l'était pas tant que ça. Elle avait été happée par le passé et l'avenir sans vraiment savoir comment tout avait pu se produire. Ses doigts se crispant brièvement sur son ventre, elle but un verre d'eau, avant de revenir pleine d'entrain dans cette salle où l'attendait... « Bonjour Bill ! Tu vas bien ? » demanda-t-elle, bien loin de l'adolescente qui rêvait de lui le soir en s'endormant, qui s'imaginait pouvoir avoir une histoire avec lui, avant de se faire gentiment rembarrée lorsqu'elle avait trouvé le courage de l'aborder, de lui avouer ce qu'elle ressentait pour lui.

Trop jeune alors, elle n'avait même pas imaginé à son retour pouvoir l'intéresser, ou même en avoir ne serait-ce que l'envie. Elle avait grandi, changé, et ne s'était tout simplement pas attendu à se noyer dans un mariage où elle ne se sentait plus regardée, plus désirable, comme si le fait d'être devenue une épouse avait changé ce qu'elle était. Et puis il y avait eu Jarvis. Une année, c'était ce qu'elle avait fallu pour qu'elle lui cède, pour qu'elle puisse imaginer que cela pourrait exister, pour se sentir à nouveau femme à ses lèvres, sous la caresse de ses doigts, partager ces instants, avoir l'impression d'avoir à nouveau vingt ans. Mais elle s'était rendu compte un matin qu'elle avait du retard, qu'elle avait des nausées également, de quoi suspecter l'impensable. Une petite bandelette plus tard, le test le lui avait hurlé, qu'elle était enceinte. Une analyse de sang sous un nom lambda l'avait confirmé, la laissant hésitante sur ce qu'elle devrait faire ensuite. Mais elle n'y pensait pas vraiment à cet instant, laissant simplement son regard glisser en direction de celui qu'elle avait l'impression de connaître depuis toujours, lui, l'habitué de sa ville natale, auquel elle souriait. « Alors raconte-moi tout, c'est juste pour un bilan, ou tu as besoin de plus ? » souffla-t-elle en le regardant, adossée simplement au meuble qui bordait la table d'auscultation, après s'être désinfecté les mains par pur réflexe.

@Bill Durham

( Pando )

Il avait changé, vieilli, mais elle ne doutait pas une seconde des raisons qui l'avaient poussées à s'amouracher d'un type comme lui. Parce que même aujourd'hui, il restait séduisant, même plus encore que quand il était jeune. C'était le genre d'homme qui devait faire tourner des têtes, et en avoir l'habitude. Le genre qu'on est fière d'annoncer dans le nombre des garçons qui vous ont un jour intéressé. Preuve que vous aviez bon goût, même s'il avait prétexté qu'elle était trop jeune pour lui à l'époque, comme si elle l'aurait répété, comme si elle n'était pas capable de garder un secret. Aujourd'hui, elle en avait trois, celui de ses cousins, celui de son amant, celui de l'existence qui grandissait dans son ventre. Tout n'était pas de son fait, tout n'était que des conséquences de la vie, mais il n'en restait pas moins qu'elle avait mené sa barque... de façon un peu trop bancale à son avis, vu la situation dans laquelle elle se trouvait à présent. Il lui répondait à présent qu'il allait bien et lui retournait la politesse. « Ca va plutôt bien. » qu'elle répondit d'un petit sourire, naturelle, elle semblait réellement aller bien, à croire que la grossesse éclairait déjà son teint, adoucissait l'inquiétude qu'elle pouvait éprouver pour Jarvis, sa façon de sombrer qui devait être un peu sa faute également. Mais il voulait trop, beaucoup trop. Petite voix qui venait lui souffler qu'il avait peut-être bien raison d'en vouloir toujours trop... Petite voix qu'elle étouffa sans remord pour se concentrer sur Bill. Lui demander ce qui l'amenait.

Sa réponse la rassura sur le fait qu'il était venu pour un bilan, de quoi mettre un peu mal à l'aise quand on savait qu'elle lui avait couru après fut un temps. Mais Macy avait grandi, et il ne faisait aucun doute qu'elle savait être professionnelle. Puis il lui fit remarquer qu'il ne savait pas qu'elle était de retour en ville. C'était vrai qu'ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion de se recroiser, pourtant ça faisait un moment qu'elle était là, mariée à un homme qui s'était peu à peu désintéressée d'elle, à revoir sa famille, à se glisser peu à peu dans l'univers de Jarvis. Mais Bill... Bill... c'était comme ce fantasme qu'on n'ose jamais vraiment revoir quand on est devenue adulte. « Ta mère a bien raison. Grimpe là-dessus, promis, je ne te ferai aucune avance aujourd'hui. » dit-elle en tapotant le table d'auscultation pour l'inciter à s'y installer, plutôt que de rester debout, sans trop savoir quoi faire. « T'as raté ta chance Bill Durham... je suis revenue parce que mon mari est venu me chercher. » Même si aujourd'hui, c'était un autre homme qui revenait hanter ses pensées, qui savait la rendre heureuse. Un petit sourire taquin au creux des lèvres, elle s'empara du brassard pour mesurer la tension tout en se rapprochant de lui. « Et toi alors, qu'est-ce que tu deviens ? Pas encore marié ? »

@Bill Durham

( Pando )

Il s'était installé sur son siège sans discuter, sans hésiter, ajoutant simplement avoir appris qu'elle était mariée. A vrai dire, c'était difficile de passer à côté, puisqu'elle portait un autre nom de famille. Aussi avait-elle répliqué qu'il avait raté sa chance. Boutade de l'instant. Parce que c'était vrai, s'il l'avait voulu, il aurait pu l'avoir, mais non, il avait eu peur des lois, et c'était peut-être l'un des seuls regrets de Macy concernant son adolescence. Même si, d'un autre côté, elle avait au moins la satisfaction d'avoir tenté sa chance, tenté de découvrir la saveur de ses lèvres. Aujourd'hui, il avait beau rester séduisant, il y avait trop d'hommes dans sa vie, et au fond, un seul dont elle désirait encore la saveur de ses lippes. Elle l'entendit se racler la gorge à sa façon de parler de son mariage, mais c'était, après tout, l'absolue vérité. Elle était revenue parce qu'il était allé la chercher pour lui passer la bague au doigt, lui faire respecter la volonté de leurs pères. Grand mal lui en avait pris, puisqu'aujourd'hui, ce mariage prenait tout simplement l'eau, n'étant plus qu'un mirage et des faux-semblants pour ceux à qui il fallait jouer la comédie, donner l'illusion d'un bonheur qui n'existait pas. Puis il se contenta de poser directement la question sur l'identité de son mari, ce qui lui fit relever les yeux sur lui, tout en gonflant le brassard, hochant vaguement la tête, silencieuse le temps de vérifier la tension du cow-boy. Pas mal.

« C'est l'ainé des Wheeler, tu sais, ceux qui ont la grosse entreprise de légumes. » répliqua-t-elle. Difficile d'ignorer qui il était, et elle était certaine que Bill le connaissait. C'était aussi un gamin du coin, le fils d'un ami de son père. Puis elle avait enchainé sur lui et sa vie sentimentale, ce qui était plus intéressant que la sienne, certainement. Mais sa réponse fut un peu trop sérieuse dans cette discussion qui aurait dû être plus détendue, comme s'il envisageait qu'elle puisse réellement l'être ou que quelque chose d'autre n'allait pas. « Tu ne vas pas me dire que tu craques enfin sur moi... parce que là, franchement, ton timing craindrait vraiment. » souffla-t-elle en tentant une énième boutade, sans le quitter des yeux, avant de lui faire signe d'un doigt de... « Relève ta chemise s'il te plaît, pour que j'écoute ta respiration. » Elle inspira une gorgée d'air, tout en se rapprochant, stéthoscope à la main pour écouter son torse. « Et profites-en pour me dire ce qu'il y a... si tu veux. » osa-t-elle finalement, ne manquant toujours pas d'audace malgré les années écoulées. S'il ne voulait pas, elle aurait essayé, il n'y avait rien de plus à dire sur le sujet.

@Bill Durham

( Pando )

Une petite boutade à ses lèvres, parce que c'était vrai. A 17 ans, elle aurait tout donné pour qu'il accepte de l'embrasser, ou même de s'intéresser à elle, et jamais Macy n'aurait été soufflé quoique ce soit à qui que ce soit. Bill n'avait pas voulu prendre le risque à l'époque, et si aujourd'hui il restait séduisant, le fantasme de son adolescence, c'était plus avec nostalgie qu'elle repensait à cette époque. Peut-être que s'il avait croisé sa route avant Jarvis, ce serait avec lui qu'elle aurait retrouvé le sourire, ou peut-être simplement la sensation d'être regardée à nouveau, alors que son mari ne le faisait plus. Mais cet instant si précis, gravé dans le marbre du temps, avait été dépassé, d'autant plus à présent qu'une vie grandissait au fond de son être, que son cœur vacillait auprès de celui qu'elle tentait vainement de garder à distance. Déjà, cependant, il affirmait qu'il ne s'interposerait jamais dans un mariage, petit sourire en coin qui se dessina sur les lèvres de la rouquine, oscillant entre l'ironie de sa propre union et la droiture de celui qui se tenait devant elle. Elle n'imagina pas qu'il savait pour Jarvis et elle, pourtant, ces mots pourraient sonner comme un reproche, une accusation, mais comment saurait-il ? Ils étaient prudents. Même Jam n'avait pas encore découvert l'identité de son amant, et pourtant, il l'avait grillée presque dès le début, remarquant la différence flagrante d'une Macy amoureuse.

Son sourire ne tarda pas à s'agrandir à sa petite précision. « Bill Durham. Toujours si sérieux. Avoue que t'y as quand même pensé... quoi... deux minutes quand tu m'as vue. » souffla-t-elle, les yeux pétillants de taquinerie, pleine de cette confiance d'être désirable à ses yeux, ou au moins dans ce jeu qu'ils avaient commencé. Elle le regarda dévoiler son torse, finement musclé par les années de travail dans son ranch. Il serait toujours attirant, son fantasme d'adolescente, mais elle humecta ses lèvres de sa langue et commença à l'ausculter, écoutant son souffle, son cœur, retrouvant son sérieux, alors qu'il reprenait, lui demandant si elle voulait vraiment connaître ses problèmes d'hommes célibataires. Elle esquissa un nouveau sourire en s'écartant légèrement. « Allez raconte-moi tout. On a qu'à considérer que ça fait parti de la consultation, je suis donc tenue au secret médical. » Elle fit mine de fermer ses lèvres à double tour avant de jeter la clé. « Tu vois. Allez respire plus fort. » lui demanda-t-elle en le contournant pour venir continuer à écouter son souffle depuis son dos.

@Bill Durham

( Pando )