she wasn't looking for a knight (sarah)

Mes parents pensaient sauver leur couple en faisant un deuxième enfant. Ils s’aimaient depuis longtemps et avaient toujours voulu fonder une belle grande famille, mais une fois les enfants arrivés, ils se sont rendu compte qu’ils ne s’aimaient plus. J’avais deux ans quand ils se sont séparés. Mes parents se sont tous les deux remariés avec quelqu’un d’autre, puis ils ont re-divorcé. Mon père a trouvé l’amour avec sa troisième femme et ils ont déménagé à Charleston lorsque j’avais 8 ans. Depuis, j’ai vécu avec ma mère et je voyais mon père seulement l’été et à Noël. Quant à ma mère, après son deuxième mariage raté, qui s’est terminé quand j’avais 10 ans, elle a enchaîné les petits amis, mais ceux-ci ne restent jamais bien longtemps. ◊ Je crois que j’avais 14 ans quand j’ai perdu foi en l’amour. Ma mère n’arrivait pas à garder un copain, tous les parents de mes amis étaient divorcés. J’ai fini par croire que le véritable amour, le seul et l’unique, n’existait pas. Alors que ma mère n’était jamais vraiment heureuse que lorsqu’elle avait un homme à ses côtés, j’ai décidé que j’allais me construire mon propre bonheur sans que mon partenaire de vie en soit le responsable. En vieillissant, j’ai appris à ouvrir des pots, à clouer et visser des trucs, à construire mes propres meubles Ikea sans aide et à réparer ma voiture. Ma mère me répétait toujours de laisser mon frère ou son chéri du moment m’aider, mais je n’en avais pas besoin. Je n’étais pas la fille la plus féminine et délicate de la ville et je m’en fichais bien. Je me débrouillais toujours toute seule, je n’avais besoin de l’aide de personne. ◊ Bien sûr, je n’ai pas choisi l’abstinence pour autant. J’ai eu quelques aventures, autant avec des filles qu’avec des garçons. Et puis des relations aussi, par-ci, par-là. Je n’ai jamais été fermée à l’amour, j’avais seulement décidé que je n’en avais pas besoin à tout prix. ◊ Depuis toute petite, j’avais toujours adoré lire. Écrire faisait aussi partie de mes passions. J’ai naturellement décidé d’aller étudier la littérature et la langue anglaise à l’Université Vanderbilt à Nashville. Je ne savais pas trop où cela allait me mener, mais ça me permettait de lire une tonne de bouquins et d’écrire autant que je voulais. Je me passionnais surtout pour la littérature féministe. Mes poèmes revendicateurs et enflammés faisaient parfois fuir mes camarades de classe et personne n’avait envie de débattre des injustices sociales avec moi puisque j’étais toujours trop intense. Toujours est-il que j’ai obtenu mon diplôme sans problème, en ayant eu beaucoup de plaisir dans mes cours et en obtenant des notes assez élevées. ◊ Une fois mes études terminées, à l’âge de 25 ans, je ne savais pas trop ce que je voulais faire de ma vie. Heureusement, le destin fait bien les choses puisque ma grand-tante Harriet décéda. Je n’étais pas heureuse de sa mort, loin de là! Harriet avait toujours été la seule à soutenir mon amour pour les livres et ma quête d’indépendance. On se ressemblait beaucoup toutes les deux. Tout le monde disait que Harriet était une vieille folle et que c’était son mauvais caractère qui avait fait fuir les hommes et pourtant, c’est exactement comme elle que j’avais envie d’être. J’avais passé ma jeunesse dans la librairie qu’elle possédait. Justement, cette librairie, elle me fut léguée puisque Harriet ne s’était jamais mariée et n’avait jamais eu d’enfant. J’étais celle qu’elle avait choisie pour devenir propriétaire de la librairie. Après avoir passé quelques années à Nashville, je retournai donc m’installer à Mount Juliet. ◊ Aujourd'hui, trois ans plus tard, la vie à Mount Juliet me plaît toujours autant. J'aime l'ambiance familiale qui y règne, j'aime connaître tout le monde et pouvoir appeler mes clients à la librairie par leur prénom. Quand la solitude me pèse trop et que je m'ennuie de la frénésie de la grande ville, Nashville n'est jamais bien loin...

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