— you got me all wrong (w/amelia)

THERE'S NO PLACE TO CALL OUR OWN
LIKE A DRIFTING HAZE WE ROAM
ft. amelia

Les flèches de feu du soleil tombent sur la plaine en incendiant les blés dorés. Partout s'étale la magie du spectacle, le plus beau spectacle qui ne lui ait été accordé. Certains prétendent que les iris s'accoutument, s'endurcissent et ne font plus attention à la bataille des teintes chaudes du ciel. Sulli marque cependant une pause. Toutes ces années passées allongé dans les champs à ne rien faire sinon étudier la course des nuages l'ont rendu dépendant. Il hume la douce brise fraiche annonciatrice de la nuit, demeure immobile quelques secondes, abîmé dans la contemplation du coup de pinceau écarlate balayant le bleu immaculé d'un ciel d'automne. Soudainement, un doux hennissement le tire de sa rêverie, et c'est comme un soupir chaud qui lui caresse le visage. L'étalon à la robe foncée et teintée de cuivre s'impatiente. "Nous sommes bientôt arrivés à la maison," murmure-t-il en laissant une main s'attarder sur l'encolure. Puis, en attrapant le licol, il s'avance en direction des étables.

Quand le jeune homme en ressort, sans son fidèle destrier cette fois, il essuie la poussière en frottant ses paumes contre le tissu sombre de ses jeans. D'un pas lent et mesuré, il s'approche de la maison tout en maudissant ce qui l'attend entre les quatre murs. Il ne pourrait pas montrer plus de réticence à rejoindre la bâtisse qu'il considère comme son foyer à présent. Depuis de nombreuses années même — ses plus belles années. Grimpant les marches rapidement, quatre à quatre, il s'engouffre dans la cuisine par la porte de derrière. Silence radio. Il tend l'oreille. Peut-être lui fait-elle une fichue blague et lui donne-t-elle simplement de faux espoirs en simulant son absence. Ou peut-être s'est-elle encore, toute la journée durant, enfermée dans la chambre d'amis. Ça ne l'étonnerait même pas. Combien de fois était-elle sortie depuis son arrivée impromptue ? S'il n'avait pas la gorge serrée à l'idée de tout perdre, Sulli lui aurait déjà rétorqué, un bon millier de fois, de retourner de là où elle venait, puisque Mount Juliet n'était visiblement pas à son goût.

Las, un grognement presque animal s'étouffe dans sa gorge tandis qu'il s'approche du frigidaire et en sort une bouteille de bière blonde. Il la décapsule d'un geste d'expert. Sur sa langue, le liquide est le bienvenu. Malgré l'ambre fraîche, l'alcool réchauffe les tréfonds de sa gorge et embrume quelque peu ses pensées. Tandis qu'il sort à nouveau sur le porche et prend place sur le vieux rocking chair retapé par Emmett quelques mois avant sa mort, ses yeux butent sur une ombre comme ils balaient l'horizon. Une silhouette féminine qu'il commence à connaître, à son grand dam, s'approche, décidée et fière. Les épaules droites, la démarche assurée. Même son allure, de loin, l'agace plus que de raison. Portant la bouteille à ses lèvres, il avale une plus grande lampée. Comme si ça avait un quelconque pouvoir sur ses nerfs bien entamés... Quand l'Enfer personnifié l'a finalement rejoint, l'homme de ferme lui lance un regard de haut en bas. "Les gens doivent se demander si tu sors pas d'un défilé de mode," lâche-t-il avant de s'octroyer un nouveau coup d’œil et une nouvelle gorgée. "C'est les chaussures que tu mettras quand t'iras réparer une clôture ?" Sourire narquois au visage, il retire tout de même inconsciemment le vieux stetson qu'il a vissé sur sa tête le matin même. Après tout, il ne sait pas pourquoi, mais Amelia Greenshaw a le don de le faire se sentir comme un plouc.

THERE'S NO PLACE TO CALL OUR OWN
LIKE A DRIFTING HAZE WE ROAM
ft. sulli

Des envies de meurtres. Jamais à un point aussi important. Pourtant tout ceci lui semblait dérisoire, presque idyllique quand elle avait vue des films, des éveils aux doux éclats du soleil contre le rideau, les volets clairsemés par le temps mais aussi le chant du coq qui donnait l'alerte du jour. Clairement non. C'était pleinement désagréable. Elle l'aurait eu entre les doigts, le fichu flingue qui trônait fièrement sur la cheminée en bas, elle l'aurait fusillé derechef, ce fichu animal. Limite le ronronnement des voitures, des sirènes, le vacarme de la ville lui convenait en tout point. Elle se sentait presque mal à l'aise dans le silence oppressant de la campagne. Mais elle se savait relativement en bonne compagnie dans cette baraque qui n'était guère sienne, bien qu'elle avait sans aucun doute accueillis sa naissance. Mais elle était encore plus étrangère au lieu, qu'au stupide cow-boy qui partageait ces lieux en ce moment-même.

La tête encore enfoncé dans l'oreiller, elle avait finalement réussie à se rendormir, mais pas suffisamment à son goût. Elle émergea du sommeil tardivement dans la matinée, avec une bonne grosse envie de café. Elle râle déjà d'avance en se rappelant du goût vraiment infâme du café que préparait son "hôte". Trop noir et il ne comptait évidemment pas lui en faire du décaféiné. Elle s'active de prendre une douche bien chaude, avant de descendre se faire un café, la chevelure encore humide, mais déjà fraîche et pimpante comme toujours, même avec peu de make-up sur la face, ni même des tenues des plus extravagantes ou sexy. Il y avait des gens comme ça... Et elle, c'était bien son cas. Elle fut plutôt soulager de ne pas voir l'autre tête d'idiot être dans les parages.  Elle se prépare ainsi une tasse de café, allant sur le porche de la demeure. Elle soupire profondément en sentant la putride odeur de crottin, de bouse de vache et elle en passera...  Elle ne fut guère dans l'attente de son hôte, qu'il arrive déjà vers la maison, toujours avec cette dégaine qu'elle juge "lourde". Il n'est pas laid, ce Sulli. Elle mentirait si on lui posait la question car elle était en guerre avec lui, mais physiquement, il restait potable...Plus que potable. S'il faisait un effort. Elle sentait déjà arriver la vanne et en effet, elle ne tarda pas à s'échapper de la bouche du brun.
"Très amusant. Il faudra changer de vanne, cela commence à être redondant. " Lâche sans saluer Sulli d'un regard, l'ignorant tout bonnement en portant sa tasse à ses lèvres. Elle finit par baisser les yeux sur ses talons, qui pourtant était pas les plus extravagantes. Elle soupire profondément, n'étant guère partante pour batailler ce matin, surtout avec le réveil qu'elle avait eu.
"On en parle des votres, aussi dégueulasse, je plains votre future femme si elle doit passer derrière vous à chaque fois que vous salirez la maison. Je la plains. " Peste-t-elle en essayant d'attaquer un sujet un peu... Fort mais bon. C'était guère sympathique alors qu'elle savait ou du moins se doutait qu'il n'était pas des plus a l'aise en présence d'une femme.
"Ou j'enverrais tout simplement quelqu'un avec une bonne paire de bottes le faire. Qui sais ? " Elle commençait à en avoir marre de ses réflexions à deux sous. Vraiment.
"Hormis m'emmerder de bon matin, apprenez donc à faire du café, du vrai. A moins que les bouseux du coins fasse du café comme ça et ne connaisse pas la vraie valeur de cette boisson. Et aussi aller s'occuper ailleurs qu'à me parler hm ?" GrommelE-t-elle.