like a stranger. (mareck)

T’es en avance aujourd’hui, tu as fini ton stage plus tôt. Alors au lieu de rentrer chez toi tu prends la direction de la boutique. Les lieux que tu fréquentes sont quasiment toujours les mêmes finalement. Et pourtant tu ne t’en lasses pas. Tu n’as jamais rêvé d’un endroit où il y a des tas de choses à faire. La ville, ça ne t’attire pas tant que cela. Un petit peu, mais sans plus. Tu ne te souviens pas trop de tes premières années à San Francisco, ce dont tu te souviens, c’est de ton grand frère te disant que la grande ville c’était bien. Toi t’étais trop petit pour t’en souvenir.
Les écouteurs dans les oreilles lorsque tu aperçois Mareck au loin. Pendant une seconde t’as envie de changer de trottoir, t’as envie de ne pas le croiser. Mais pourquoi ? Après tout tu n’as rien fait de mal non. C’est juste qu’à ces côtés, ça te rappellent de mauvais souvenir et cela fait ressortir des émotions en toi plutôt désagréable. Mareck, le meilleur ami de Kenaël. Et sans t’en rendre compte ça te fais pousser un soupir. Cependant, ça ne t’étonnes pas de le croiser dans le coin, puisque tout comme ton frère, il habite dans ce quartier. Ce serait vraiment bizarre de ne pas se rencontrer quelques fois par hasard.
Mareck, c’est le meilleur ami de ton frère, de base. Et toi avec le temps tu as appris à l’apprécier, même plus, tu aimais bien lui parler. Jusqu’à ce Ken décide de s’en aller, sans plus donner de nouvelles et que Mareck t’as simplement dit de lâcher ton frère, t’es grand maintenant Jemaël, tu devrais te débrouiller seul, en gros. C’est ce que t’as compris et c’est ce que t’as fait. Et en faisant cela, t’as mis tes distances avec les personnes proches de Ken. Ça t’a fait du mal pendant longtemps. Puis tu t’es simplement habitué à l’absence de tout ce monde. De ton frère. Malgré cela, malgré tout, tu ne peux pas simplement l’ignorer. Alors tu stoppes ton skate lorsque tu arrives à sa hauteur. « Salut », salutation timide. Toi, le gosse bavard en règle générale. Toi qui trouve toujours quelque chose à dire. Salut, c’est tout ce que tu trouves à dire et pourtant, tu voudrais dire beaucoup plus que ça. Finalement, c’est un peu comme s’il était devenu un étranger, un inconnu que tu salut simplement par pure politesse. Triste réalité.