did you say... brother? (kenaël)

Peut-être que si tu avais ton permis, tu rentrerais plus vite chez toi. Peut-être que si tu n’avais pas à te trimballer en skate la route serait beaucoup plus courte. Enfin, c’est certain.  Et aujourd’hui tu aurais aimé ne pas avoir peur de conduire. Parce que tu ne vas pas mentir. T’es juste crevé. Fatigué de ta journée de travail. Fatigué de t’être levé aux aurores et avoir passé toute la journée debout. Et à pied ton domicile n’est pas à côté. Crevé, mais de bonnes humeurs, tu roules sur ton skate et les écouteurs dans les oreilles, l’esprit totalement ailleurs lorsque tu percutes quelqu’un. « déso… », que tu commences par dire alors que tu relèves la tête vers cette personne. Tout à coup, tu n’es plus désolé, peut-être dégouté.
Kenaël.
C’est vrai, il habite dans le quartier de ton travail, tu commences par penser alors que tu attrapes ton skate dans tes mains. Coïncidence, malchance ? Les deux. Bonne humeur qui redescend à la vue de ce frère devenu inconnu. Ta sœur t’a parlé de lui récemment. Lui et ses histoires. T’as simplement tout ignoré. Espérant ne plus le revoir. Kenaël, celui dont tu étais proche dans le temps. Enfin, c’est ce que tu pensais, parce que si ça avait été le cas, il ne serait jamais parti pour ne plus jamais te reparler.   « Evidemment fallait que je tombe sur toi », tu souffles presque aussitôt, agacé te souvenant de la dernière fois que vous vous êtes parlés, c’était il y a un an, peut-être plus, tu ne t’en souviens pas trop… le seul truc que tu arrives à te remémorer, c’est que la rencontre ne s’est pas bien passé. Ce jour-là, tu ne lui as pas demandé pourquoi il est parti comme ça. Tu n’as pas essayé de comprendre. Tu étais juste trop en colère et aujourd’hui… c’est pareil.
Tu te souviens, quand il est parti, t’as pas compris, tu t’es dit qu’il allait revenir. Qu’il ne pouvait pas vous faire ça, qui ne pouvais pas te faire ça. T’as attendu des jours. Des mois. Des années. Puis t’as finalement compris, il ne reviendra pas.
Colère quand tu penses à lui. Colère quand on te parle de lui. Colère les très rares fois où tu le vois.
Kenaël. Le soit disant frère. Celui à qui tu pensais toujours faire confiance.