who shot the sheriff? (+ alec)

Les rumeurs allaient toujours de bon train à Mount Juliet. Lorsque j'avais vent de la mort du shérif, assassiné, je n'y avais pas trop porté importance. Il fallait dire que ce bon vieux shérif avait, durant sa longue carrière, arrêté plusieurs individus louches et en avait mis une bonne vingtaine derrière les barreaux. Petite ville ou non, ça ne changeait rien à la situation ; il y avait de mauvaises graines dans toutes les bonnes familles et dans toutes les bonnes communautés aussi. Il y avait un bail que je n'avais pas vu le shérif, sûrement depuis la mort de mon père, dix ans plus tôt. Ayant toutefois été un bon ami pendant plusieurs années, j'avais assisté à sa cérémonie de commémoration, question de principe. Je n'étais cependant pas allé à son enterrement, prétextant un mal de rein, mais plutôt parce que je n'en avais pas vraiment envie. Disons simplement que l'ancien shérif de Mount Juliet n'était pas tout à fait blanc comme neige. Ce jour-là s'annonçait être comme tous les autres ; j'irais faire un tour au chantier, puis j'irais déjeuner dans le meilleur restaurant de la ville - déjeuner qui consistait en un vulgaire club sandwich, rien de bien raffiné. Ensuite, dans l'après-midi, j'irais visiter Jarvis ou peut-être appellerais-je Nyla, ne serait-ce que pour avoir des nouvelles. Mais ce jour-là, le déclic s'était fait dans ma tête. La veille, j'étais allé à la clinique pour passer mon bilan de santé annuel. Macy Wheeler m'avait auscultée, sachant que mon ancien médecin était parti à la retraite. C'est en repensant à ma rencontre avec la membre du clan Wolf que j'avais compris et que je me demandai comment j'avais pu être aussi aveugle. Cigarette au bec, j'avais monté dans mon vieux, mais fidèle, pickup, direction le ranch familial des Wolf, à quelques miles de ma petite maison. Je roulais à toute allure, ma tête se cognant presque contre le plafond du véhicule à chaque bosse. Faudrait vraiment asphalter ces routes, bordel. Alec allait m'entendre. Il allait avouer, peu importe s'il l'avait fait ou non. J'atteint le ranch en moins de dix minutes, alors que d'habitude ça m'en prenait quinze. Je garai mon pickup devant la petite maison, klaxonnant au passage. Je jetai ma cigarette, déjà terminée, par la fenêtre. Elle n'avait pas sitôt atterrie dans le gravier que je m'en allumai une autre. Je sentais mon sang bouillir alors que je claquais la porte du pickup. « ALEC ! » hurlais-je presque. Personne de censé n'aurait débarqué chez les Wolf en hurlant, sauf Bill Durham.